SG-C, Base de Cheyenne Mountain, ville de Colorado Springs, État du Colorado, Etats-Unis d'Amérique, Planète Terre, galaxie de la Voie lactée.
Dans son bureau, le général O'Neill, commandant de la base, est ailleurs. Perdu dans ses pensées. Elles voguent vers le colonel Samantha Carter qui traverse une passe difficile. Son père est en train de mourir, quelques étages plus bas dans l'infirmerie de la base. Il y a quelques jours de ça, elle l'a pris par surprise en débarquant dans son jardin ; il n'était pas seul et, de ce qu'il se souvient, elle ne l'a pas très bien accepté.
On frappe à la porte et il sort de sa rêverie. L'agent de la CIA, Kerry Johnson, sa compagne, se tient dans l'embrasure. Elle passe la tête par la porte qui n'est pas fermée.
- Comment va le père du Colonel ? demande-t-elle.
- Pas très bien, répond-il d'une voix lasse.
- J'en suis désolée...
Elle entre dans le bureau en refermant derrière elle.
- Tu... fermes la porte...
- Oui. C'est hautement symbolique, rétorque-t-elle en levant les yeux au ciel.
- Je t'écoute...
Il est tendu.
- Je t'aime beaucoup Jack, tu es fantastique.
Il se lève. Il sent venir la tuile.
- Merci, toi aussi. Mais... ? l'encourage-t-il à continuer.
- Tu as des choses à régler.
Jack grimace, il n'aime pas ça.
- Tout le monde en a, mais là c'est trop important, il faut que tu en discutes avec la principale intéressée.
Cette fois il soupire.
- Moi je ne peux pas t'aimer... Je veux dire t'aider, se reprend-elle, gênée. Je préfère qu'on s'arrête là avant que je ne m'attache.
Il fait un sourire, mais ça ressemble plus à une nouvelle grimace.
- J'espère qu'on pourra tout de même continuer à travailler ensemble. Je serais triste de demander une mutation. Cette affectation me plait beaucoup et on s'est toujours dit que notre travail passait avant tout.
- Bien sûr.
Décidément, il n'aime vraiment pas ça, il est mal à l'aise.
- Parfait.
Elle se dirige vers la porte puis se retourne.
- Il y a une chose que j'ai du mal à comprendre.
- Une seule ? demande-t-il.
Elle sourit en pensant « Très bien, pas qu'une seule, mais celle-là est la plus grosse. »
- C'est à cause de l'armée que vous niez vos sentiments ? Parce que s'il n'y a que ce satané règlement qui vous sépare, je tiens à te dire que vous faites une énorme erreur, répond-elle, un peu en colère.
- Quelle est la solution d'après toi ? demande-t-il narquois.
- La retraite, assène-t-elle, comme une évidence.
- Encore...
- Attention, reprend-elle, sûre d'elle, le Pentagone te considère comme pratiquement irremplaçable, mais le Président a déjà nommé un civil à la tête de ce programme.
Il acquiesce en grimaçant, encore. Décidément, parler de sentiments, ce n'est vraiment pas son truc.
- Réfléchis, finit-elle avant de quitter le bureau.
Le regard de Jack reste dans le vague, empli de tristesse. Il souffle, il se sent bête. Il a encore tout foiré ! Il vient de se faire larguer comme une vieille chaussette, pour Elle. Kerry a compris et il sait qu'elle a raison. Il faudrait qu'il parle à Carter... un jour. Mais... en a-t'il seulement encore le droit ? Elle va se marier, avec un autre, Pete Shanahan. Oh, c'est quelqu'un de bien, Pete Shanahan. Il pourra la rendre heureuse, lui. Il pourra lui offrir ce qu'elle veut. Mais... Il repense à leur conversation quelques jours plus tôt dans son jardin. Elle lui a dit avoir des doutes sur son mariage, elle lui a dit avoir quelque chose à lui dire, depuis longtemps, sans jamais en avoir trouvé le courage... Il aurait voulu savoir ce que c'était. Il avait espéré l'espace de quelques secondes, mais Kerry les avait interrompus et Carter s'était sauvée, l'appel du SG-C tombant à point nommé.
Non, non, non. Il ne faut pas qu'il pense à cela, pas pour le moment... Il faut qu'il aille à l'infirmerie, près d'elle. Elle a besoin de lui, de son soutien. Bien décidé à lui offrir tout ce qu'elle voudra de lui, il sort de son bureau.
- Walter ?
- Oui, mon Général ?
- Si vous avez besoin de moi, je suis à l'infirmerie.
- Bien, mon Général.
En arrivant dans la salle d'observation, il s'arrête un instant. Elle est là, les mains jointes sous son nez, elle regarde son père parler à d'autres Tok'ras en contrebas. Elle est au bord des larmes, mais elle ne craquera pas, il le sait. Doucement, il entre et il s'assoit près d'elle alors qu'elle se tourne vers lui. Il est mal à l'aise. Un silence s'instaure, plutôt pesant, qu'il brise au bout de quelques minutes.
- ça va ?
Elle hoche la tête.
- Oui, ça peut aller. Je le prends mieux que je ne le croyais. Il y a déjà 4 ans que j'aurais dû le perdre, nous étions plus proches depuis lors que nous ne l'avons jamais été. Selmac m'a fait découvrir un père que je n'aurais pas cru avoir.
- Approchez, lui murmure-t-il.
Il passe son bras autour de ses épaules et elle lui prend la main en se rapprochant.
- Je vous remercie, dit-elle.
Il la regarde.
- Pourquoi ?
- Parce que vous êtes là quand j'en ai besoin.
Il ne répond qu'après un silence d'une minute. Seul le bip régulier des appareils reliés à Jacob se fait entendre.
- Je serai toujours là.
Elle lève les yeux vers lui, leurs regards se croisent et elle frotte sa joue contre sa main en reportant le sien vers la salle en dessous d'eux. Soudain, le Tok'ra qui parlait avec Jacob se retourne, Carter regarde son supérieur et descend très vite. Il la laisse partir, un peu désemparé.
Il reporte son attention sur ce qui se passe de l'autre côté de la vitre. Il la voit serrer la main de son père qui lui murmure une dernière phrase et il ferme les yeux. Elle serre sa main. Jack ne voit pas son visage à elle, mais il sait que des larmes silencieuses coulent. Il ferme les yeux à son tour en expirant. C'est fini, Selmac a cessé de lutter, il est mort en entraînant son hôte avec lui. Elle se retourne vers lui, ses yeux le supplient.
- Allez-vous en Carter, ordonne-t-il doucement dans le micro. On peut se passer de vous un moment ici.
Elle acquiesce et se lève. Avant de sortir elle jette un dernier regard à son général, et d'un geste il lui demande si elle veut qu'il parte avec elle. Elle refuse et s'en va.
« C'est normal, » se dit-il. Elle a besoin d'être un peu seule pour le moment. Il ira la voir après sa journée. Il se lève et, d'un pas lourd, regagne son bureau.
Arrivé à destination, il soupire devant la pile de dossiers qui l'attend encore. Il n'arrivera pas à se concentrer vraiment, il le sait, mais, aller, courage, il faut qu'il ait fini ce soir, si il veut passer un week-end tranquille et aller voir comment va Carter sans aucune autre préoccupation qu'elle.
Vers 19 h, il s'étire, fier de lui, il a fini. Il a lu tous les rapports de mission, fait suivre toutes les demandes de mutation, et signé toutes les prochaines permissions. Il range ses affaires et se dirige vers la salle de commande de la porte et le sergent-chef Walter Harriman.
- Walter.
- Mon Général ?
- J'ai fini, je m'en vais.
- Bien, mon Général.
- Je ne veux pas qu'on me dérange ce week-end. En cas d'urgence, vous savez où me joindre, mais uniquement vous et uniquement en cas d'urgence.
- Bien, mon Général. À qui dois-je en référer, mon Général ?
- hum... Appelez Reynolds, qu'il prenne le commandement. Daniel et Teal'c aussi, ils sauront quoi faire en cas de problème.
- À vos ordres.
- Bien, au revoir, Walter.
Il s'éloigne et se dirige vers la porte de la salle lorsque le sergent l'interpelle.
- Mon Général ?
- Walter ?
- Pour ma permission le week-end prochain, mon Général ?
O'Neill sourit.
- Accordée.
- Merci, mon Général.
- À lundi.
- Mon Général ?
- Walter ?
- Permission de parler librement, Monsieur ?
Jack soupire.
- Allez-y.
- Vous allez lui dire, mon Général ?
Là, il hausse un sourcil d'une manière dont Teal'c serait fier.
- Dire quoi à qui ?
- Ce que vous ressentez. Au Colonel Carter.
Le général soupire à nouveau.
- C'est donc si évident.
- Non enfin... sauf si on connait bien SG-1, sourit le sergent. Si je peux me permettre, mon Général, tout le monde ici connait les liens très forts qui unissent les membres de SG-1. Je veux dire... Teal'c, le Docteur Jackson, le Colonel Carter et vous. Et plus particulièrement ceux qui existent entre vous et le Colonel.
- Ah.
- Alors, lui direz-vous ?
- Je n'en sais rien, Walter. Elle n'a pas besoin de ça pour le moment. Bon, je dois vraiment y aller.
- Mon Général ?
- Walter ? rétorque O'Neill agacé.
- Prenez soin d'elle, mon Général.
Cette fois il sourit plus franchement.
- À vos ordres, Sergent. Bon week-end.
Walter secoue la tête en pouffant. Général ou pas, Jack O'Neill restera toujours Jack O'Neill.
C'est une heure plus tard que celui-ci arrive enfin chez Carter. « Maudits bouchons ! » Il sort en vitesse de sa voiture, s'approche de la porte et toque. Pas de réponse. Il réitère.
- Carter ? Carter, ouvrez-moi, je sais que vous êtes là...
Toujours pas de réponse.
Il prend la clef de secours et entre donc dans la maison, assez inquiet. Il longe le couloir et son attention est vite attirée par la cuisine sur sa gauche. Elle est complètement dévastée. Il imagine Carter, rentrant après la mort de Jacob, arriver, se mettre dans une colère noire et tout envoyer valdinguer ! Il continue sa route et arrive dans le salon. Il la retrouve là, étendue sur le sol. Il se précipite vers elle. Ouf ! Il soupire de soulagement en constatant qu'elle est seulement endormie. Délicatement, il la soulève et la pose sur le canapé et la recouvre d'un plaid. Il se décide ensuite à ranger la pièce. Il récupère les cadavres de bières qui sont sur la table, les ramène à la cuisine, puis la bouteille de whisky qui finit de déverser son contenu sur le tapis. Là encore, il imagine la scène. Une fois la cuisine saccagée, elle a pris un pack de bières dans le frigo et elle s'est sûrement installée dans le canapé pour les boire. Une fois le pack fini, elle s'est levée, a pris la bouteille de whisky dans le buffet et a commencé à la vider directement au goulot. Et là elle s'est écroulée, endormie. Ça arrive parfois, quand on a trop bu, on s'endort en une seconde, sans s'en rendre compte.
Il tente de rendre à la cuisine un semblant d'ordre puis retourne dans le salon. Il reprend Carter dans ses bras et monte à l'étage. Il la dépose dans son lit, sans la changer — elle n'apprécierait pas. —
Puis il avise deux bergères de chaque côté de la commode, les rapproche pour s'en faire une couche, se déshabille puis se recouvre du plaid, et s'endort à son tour.
Le lendemain, Sam se réveille la tête dans un étau. Elle se redresse, tentant d'émerger du brouillard dans lequel elle se trouve. Elle tourne la tête vers la fenêtre et remarque que ses bergères ont bougé et que le plaid du salon git au milieu. Elle secoue la tête.
- Ouch ! Mauvaise idée...
Elle se lève péniblement et se dirige vers la salle de bain. Elle prend une douche bien chaude qui lui rend un peu de lucidité. C'est à ce moment-là qu'une bonne odeur de café fraîchement coulé parvient jusqu'à ses narines. Intriguée, elle descend prudemment l'escalier. Arrivée devant l'entrée de la cuisine, elle se fige, surprise.
- Mon Général ?
- Bonjour, Carter, sourit-il. Pas trop mal aux cheveux ? ajoute-t-il, moqueur.
- Si, atrocement... Ca m'apprendra à vouloir jouer les grandes ! râle-t-elle.
Avec une moue amusée, il lui tend la boite d'aspirine et une tasse de café, bien chaude, il vient d'être fait, sans sucre, mais avec une cuillère. Exactement comme elle l'aime, il la connait si bien.
- Merci...
Lentement, elle savoure la boisson chaude. Elle se perd dans ses pensées et les larmes viennent à nouveau envahir ses yeux.
- Carter... murmure O'Neill. Je suis désolé pour votre père... Je sais ce que vous ressentez. Ça va aller...
Elle relève la tête vers lui, comme pour lui demander confirmation de ce qu'il vient de dire.
- Ecoutez, reprend-il d'une voix rauque, quand Charlie est mort, ma vie s'est arrêtée. J'ai cru que mon c½ur avait cessé de battre pour toujours. D'ailleurs lors de cette première mission sur Abydos...
- Quand nous avons ramené Daniel ?
- Non, celle d'avant, la toute première. Quand j'ai laissé Daniel sur Abydos... Pour cette mission, je... J'avais mis mes affaires en ordre... Je... Pour être franc je n'avais pas vraiment prévu de rentrer... du moins pas en vie... je ne voulais pas rentrer en fait.
- Vous vouliez mourir ?! s'exclama-t-elle horrifiée.
- Oui... Surprenant hein ? Le grand Jack O'Neill avec des envies suicidaires... C'est ridicule n'est-ce pas ?
- Non, je ne trouve pas.
Il lui sourit tristement.
- Bref, je suis rentré. Et malheureusement pour moi, en un seul morceau. Sarah avait fait ses valises, alors j'ai pris ma retraite. J'ai vécu entre le pack de bières du frigo, ma canne à pêche, les Simpsons et mon télescope. Et puis au bout d'un an, j'ai vu arriver le Major Samuels. On avait besoin de moi à la base de Cheyenne Mountain, il y avait eu un incident et ils voulaient mon avis...
Elle le regarda interrogative et attentive.
- Apophis était entré dans la base. Il avait tué quatre des soldats qui gardaient la porte, tous des hommes, et emmené la cinquième.
- Une hôte ?
- Probablement... Comme Sha're. C'est là que ce bon vieux Georges m'a fièrement annoncé que je reprenais le service actif, pour le programme « Porte des étoiles ». Vous connaissez la suite...
Il parlait avec difficulté maintenant. Il avait peur de sa réaction si elle entendait son ressenti sur la suite de l'histoire.
- Racontez-la moi quand même... demanda-t-elle doucement. S'il vous plait, mon Général...
Il inspira un grand coup et reprit son récit.
- Et bien, ce dont je me souviens ensuite, c'est ce premier briefing. Vous êtes apparue comme une tornade. « Elle, vient du Pentagone... »
- ... « Capitaine Samantha Carter à vos ordres... », finit-elle en esquissant un sourire à travers ses sanglots.
- Oui... C'est ça. Après vous avez rembarré Ferretti avec vos histoires de molécules... « Et c'est reparti encore une scientifique ! Non, écoutez, mon Général ! »
- « le terme exact est Astrophysicienne ! »
- « Ce qui veut dire ? »
- « Qu'elle est plus intelligente que vous Colonel ! »
- Ouais...
Elle riait presque maintenant.
- J'étais soufflé... Vous aviez raison vous savez, quand je vous ai fait passer la porte la première fois, je vous ai tout de suite adoré, je vous ai tout de suite trouvé... attirante.
- Mon Général !
- Eh ! Quoi ? Je ne suis qu'un homme, Carter... Alors oui, il m'arrive parfois de réfléchir avec autre chose que mon cerveau, quelque chose situé plus au sud... En tout cas, vous m'avez sacrément remis en place ce jour-là. Entre vos heures de vol en Iraq en échange d'un bras de fer, et le fait que vous ne jouez plus à la poupée depuis l'âge de 10 ans... « Ce n'est pas parce que mes organes reproducteurs sont à l'intérieur de mon corps que je vous suis inférieure mon Colonel ! »
Ça y est, elle riait franchement.
- Oh ne riez pas ! Kawalski et Ferretti se sont moqués de moi pendant toute une semaine ! J'ai tout de suite pensé « elle en a une sacrée paire dans le pantalon la p'tite... » Et puis au fur et à mesure des missions, j'ai découvert une militaire digne de ce nom, compétente, aguerrie, une s½ur d'arme sur laquelle je savais pouvoir compter. Une scientifique passionnée, douée dans tout ce qu'elle fait, avec un sacré culot et un bon brin d'insubordination...
- J'ai été à bonne école...
- Ouais, je vous l'accorde, je la mérite celle-là... Et puis on est devenu une famille... Teal'c, Daniel, vous et moi. Et j'ai découvert une femme merveilleuse, une amie fidèle, loyale, souriante, qui mord la vie à pleine dent, belle à mourir... Et avec le temps... mon c½ur que je croyais mort s'est remis en route, je suis tombé amoureux...
- Vous n'avez rien fait...
- Non.
- Pourquoi ?
- Parce que je ne pouvais pas. Je n'en avais pas le droit... Parce que je vous aime Sam...
- Vous m'aimez... mais vous me laissez partir avec un autre.
Elle avait recommencé à sangloter.
- Parce que je vous sais heureuse, et la seule chose qui compte pour moi aujourd'hui c'est de savoir que vous souriiez...
- Vous pensez que je serais plus heureuse avec Pete qu'avec vous ?
- Oui, c'est ce que je pense... Soyez réaliste, Carter. Pete vous offre tout ce que vous voulez : un beau mariage, une belle maison, des enfants, un chien, c'est tout ce dont vous avez toujours rêvé, non ? Qui je suis, moi, pour vous empêcher d'être heureuse ?
- Vous êtes vous ! murmura-t-elle
- Un vieux général aigri, bousillé, bougon, râleur et casse-pieds...
- Non ! Quel est mon deuxième prénom, mon Général ? demande-t-elle alors.
Le général ferma les yeux, il était au bord de l'explosion. Il soupira se demandant ou elle voulait en venir, mais répondit malgré tout à la question.
- Élisabeth, mais vous n'aimez pas en parler parce c'était le prénom de votre mère.
- De quelle couleur est ma gelée préférée ?
- bleue
- Ou mon père voulait-il que je travaille avant de devenir un Tok'ra ?
- À la Nasa
- Pourquoi ?
- Parce que vous rêviez d'être Astronaute.
- Si je prends toujours un soda light, c'est pour conserver ma ligne, n'est-ce pas ?
- Non, c'est uniquement parce que vous adorez le goût...
Elle s'était remise à sourire.
- Pete ne connait pas la réponse à ces questions-là. Il ne me connait pas... Pas autant que vous.
- Pete est un type bien...
- Oui, mais il n'est pas vous. Personne n'est vous...
Sans réfléchir plus, Jack attire Sam contre lui et la serre avec force. Avec une telle force qu'elle pense qu'elle va étouffer, ou peut-être cherche-t-il à ce qu'ils fusionnent. C'est à ce moment qu'elle sent quelque chose de mouillé couler le long de son cou.
- Je t'aime, Carter... Tellement...
Elle réalise alors... Cet homme que tout le monde dit froid, sans c½ur, et incapable de ressentir la moindre émotion, le roi de la maîtrise de soi... pleure. Il pleure pour elle... Il montre enfin ce qu'il ressent vraiment !
- Ne me laisse pas... Je vous en prie...
Sa voix était cassée, suppliante. Il passe du tutoiement au vouvoiement, sans faire attention, mais aucun d'eux n'en avait cure à cet instant. Elle se décolle légèrement de lui et murmure à son tour :
- Je vous aime aussi, mon Général...
Alors il l'embrasse avec l'énergie du désespoir. Ce désespoir de l'aimer à ce point, sans jamais pouvoir lui dire. Cette douleur intense de la voir dans les bras d'un autre, de la savoir heureuse avec un autre. Il déverse dans ces larmes et ce baiser tout ce trop-plein d'émotion. Tout le contenu de cette blessure qui est à vif depuis huit ans explose. Et elle répond avec la même ardeur, la même ferveur.
- Viens, souffle-t-il en l'entraînant vers la terrasse.
Il y avait installé un petit-déjeuner de roi.
- Waouh !
- Tu aimes ?
- Non...
La moue enfantine et boudeuse en plus de déçue qu'il arbore alors la fait éclater de rire.
- J'adore !
Il éclate de rire à son tour et la prend dans ses bras en la faisant tournoyer.
Une fois calmés, ils prennent leur petit-déjeuner en discutant de tout et de rien. Sam raconte sa rupture, la dernière discussion qu'elle a eue avec son père, et Jack détaille son dernier entretien avec l'agent Johnson.
- Et qu'allez-vous faire, mon Général ?
- Suivre son conseil...
- Mais... Votre carrière...
- Est derrière moi, Carter, la coupe-t-il. Et puis je pense que le Président ne me le refusera pas si je lui demande de diriger la base en tant que civil.
- Et alors...
- alors fini la loi de non-fraternisation... Oh, bien sûr, il faudra rester corrects à la base, et discrets le temps que tout soit officiel, mais...
- Ça me va !
- Vous êtes sûre ?
- Oui !
Ils s'embrassent à nouveau.
Le lundi, lors de leur retour à Cheyenne Mountain, tous les deux ne peuvent s'empêcher de sourire bêtement dès qu'ils se croisent.
La semaine suivante, le général a invité tout le personnel de la base au mess à l'heure du repas, il souhaite faire une annonce.
SG-1 est en train de déjeuner lorsque le général attire l'attention et demande le silence.
- Bien euh... Vous me connaissez, vous savez à quel point je suis fan des grands discours à rallonge...
Il y a quelques gloussements et même des rires dans l'assemblée.
- Bref, si je vous ai réuni ici c'est parce que j'ai quelque chose d'important à vous dire. J'ai décidé de prendre ma retraite de l'armée.
Des exclamations de désapprobation s'élèvent de l'assemblée...
- Mais ce n'est pas possible ! Vous et le Général Hammond, vous êtes les meilleurs commandants que nous ayons eus ici !
- Ah ! faites attention, Lieutenant... J'ai dit que je quittais l'armée, mais pas le SG-C. Vous ne vous débarrasserez pas de moi comme ça ! sourit-il. À partir de demain, je commanderai toujours ce programme, mais en tant que civil.
Des applaudissements emplissent la salle.
- Super, mon Général !
- Bravo, Monsieur !
- Hey, Carter ! Félicitations, Colonel !
Sam rougit et Jack l'embrasse sous les sifflets d'admiration puis éclate de rire devant la tête de Daniel.
- Eh oui, Danny boy ! assène-t-il, tout sourire.
- Mon Général, Colonel, toutes mes félicitations !
- Merci, Walter. Oh et vous, Walter, cette permission ? Ça s'est bien passé ?
- Oui Monsieur ! répondit le Sergent, enthousiaste.
- Il a dit oui ?
- Oui, Monsieur ! souffla-t-il tout sourire.
- À la bonne heure ! Je suis content pour vous ! Allez, filez le rejoindre, il vous attend.
- Oui, Monsieur, merci, Monsieur !
- Jack ?
- Daniel ?
- Vous m'expliquez ?
- Regardez, dit Jack en pointant le doigt vers l'autre bout de la pièce pour montrer le sergent Harriman et le sergent Siler partager un repas en parfait couple amoureux.
Daniel affiche une mine ahurie.
- Harriman et Siler ?
- Eh oui... La semaine dernière, Walter est venu me demander une permission pour le week-end, il voulait faire sa demande en mariage.
Le SG-C continue sa mission et les couples qui s'y sont formés restent tous très professionnels.
Fin
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